Si oui, vous
êtes très fort !
Car en fait,
le mot « blé » que nous utilisons couramment, et qui dans notre esprit désigne
une céréale qui sert à beaucoup de choses dans notre alimentation (pain,
farine, pâtisseries, pâtes…) n'est qu'une appellation générale.
Il n'y a pas
d'un côté le blé, de l'autre l'épeautre, le kamut ou le froment. L'épeautre est
une sorte de blé, le froment et le kamut d'autres sortes, tout comme le
Bourgogne et le Bordeaux sont des sortes de vin.
Si donc vous
décidez d'arrêter de manger du blé et que vous choisissez de manger « à la
place » de l'épeautre, c'est comme si un alcoolique déclarait qu'il arrête de
boire et qu'il remplace désormais le vin par du Beaujolais !
S'y retrouver
entre les différents blés
Le terme blé
regroupe une dizaine d'espèces différentes.
Leur point
commun est qu'elles ont un ancêtre commun, appelé l'engrain sauvage.
L'engrain
sauvage a été domestiqué par l'homme à l'époque du Néolithique, il y a un peu
plus de 10 000 ans. Il a ensuite été croisé avec d'autres plantes pour donner
l'amidonnier, une sorte de blé préhistorique riche en amidon, comme son nom
l'indique.
Différentes
sortes d'amidonnier ont été sélectionnées pour donner le blé dur, avec lequel
on fait les pâtes et le couscous. Le kamut est une autre sorte d'amidonnier
sélectionné. Quand il est question, dans la Bible, de Pharaon qui faisait
remplir ses greniers de blé, ce sont ces blés qui sont concernés.
L'amidonnier a
toutefois été croisé à nouveau avec une autre plante herbacée (c'est-à-dire une
plante à la tige tendre, sans bois) pour donner le blé tendre aussi appelé
froment, et l'épeautre.
Les gens
imaginent souvent que l'épeautre est une variété très ancienne de blé mais ce
n'est pas le cas. C'est une des plus récentes. La confusion vient du fait que
l'engrain sauvage, qui est un des ancêtres du blé moderne, est aussi appelé
parfois « petit épeautre » (alors que cela n'a rien à voir car le « petit
épeautre » est un engrain domestiqué et modifié).
L'épeautre est
donc, comme le blé tendre (ou froment), une forme moderne de blé, plusieurs
fois hybridée. Elle contient en outre beaucoup de gluten. Cela veut dire
qu'elle lève bien, mais cela veut aussi dire qu'il ne sert à rien de prendre de
l'épeautre si vous cherchez à manger sans gluten…
Les nouveaux
blés
Mais
l'histoire du blé ne s'est pas arrêtée là.
Dans les
années 50 et 60, de nouvelles variétés de blé à haut rendement ont été
développées en laboratoire.
Incroyable
mais vrai, les espèces actuelles de blé comportent 42 chromosomes, tandis que
le blé ancestral, l'engrain sauvage, n'en avait que 14 !
Comme
l'explique l'excellent Julien Venesson dans son livre « Gluten, comment le
blémoderne nous intoxique », ces blés sont des mutants, avec des conséquences
imprévues et inquiétantes, autant sur notre santé que sur l'environnement.
Le blé moderne
torture notre intestin
À force
d'hybridation et de modifications génétiques, le blé moderne contient désormais
quantité de protéines nouvelles que nous sommes incapables d'assimiler.
Mais le
problème ne s'arrête pas là.
Ces protéines,
qui ne sont pas transformées par notre digestion, passent telles quelles dans
l'intestin, et chez certaines personnes génétiquement prédisposées, cela
déclenche des inflammations équivalentes à une véritable torture. On parle
alors d'intolérance au gluten (ou « maladie cœliaque »), une maladie qui ne
touche « que » 1 % de la population.
C'est là que
s'arrête le discours officiel, car en réalité, plusieurs études scientifiques
récentes ont démontré que le gluten du blé moderne est nocif pour tous les
êtres humains, y compris pour les personnes qui ne sont pas intolérantes !
Du blé nocif
pour tous les êtres humains
C'est un
travail qui vient d'être publié. Il est le fruit d'une collaboration entre des
chercheurs de l'hôpital général du Massachusetts, de l'université John Hopkins
et de l'université médicale du Maryland (Etats-Unis).
Les chercheurs
ont testé l'effet de la consommation de gluten sur 3 groupes de personnes : un
groupe de malades cœliaques, un groupe de malades hypersensibles et un groupe
en pleine santé. Résultat : dans tous les cas la consommation de blé augmente
fortement la perméabilité intestinale en perturbant une hormone intestinale
appelée « zonuline ». Et les conséquences de cette perturbation sont terribles.
Non seulement
notre intestin souffre et peine à assimiler les nutriments, mais il peut
laisser passer dans le flux sanguin certaines protéines qui vont agir dans
notre organisme à la façon d'authentiques petits terroristes, déclenchant des
maladies auto-immunes et augmentant le risque de cancer.
Parmi ces
protéines, les plus connues sont les prolamines et les gluténines. Elles
forment une bande organisée terrorisant les populations. Elles sont devenues
célèbres dans le grand public sous le nom de « gluten ».
Le gluten est
en effet un mélange de prolamines et de gluténines. Ce n'est pas une matière en
soi.
Longtemps
minimisés par les autorités sanitaires, les dangers du gluten sont aujourd'hui
de plus en plus reconnus.
Car nous
sommes beaucoup plus nombreux à souffrir d'une hypersensibilité au gluten, qui
se manifeste par des symptômes diffus allant de la diarrhée aux ballonnements,
à la dépression et aux douleurs articulaires, jusqu'à toutes les formes de
maladies.
D'où les
effets étonnants d'un régime sans gluten, qui peut non seulement résoudre les
problèmes de digestion, mais aussi donner meilleur moral, plus d'énergie, moins
de sensibilité aux infections.
Quels sont les
effets positifs d'une alimentation sans gluten ?
Si vous n'êtes
touché par aucun des symptômes ci-dessus, gardez en tête qu'une alimentation
sans gluten est un moyen simple et efficace de conserver un intestin en
meilleure santé et de limiter l'apparition de maladies chroniques incurables
comme les maladies auto-immunes.
Une étude qui
a suivi des adultes en bonne santé pendant un mois a aussi montré une
importante diminution de la production de cytokines pro-inflammatoires grâce à
un régime sans gluten
Or,
l'inflammation est un facteur majeur de maladies cardiaques, de cancers, de
dépression, et de bien d'autres maladies.
Il se pourrait
donc bien que l'alimentation sans gluten, ou limitée en gluten, ait également
de gros effets positifs sur notre santé. Pourquoi ne pas essayer ?
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les
problématiques cachées du blé moderne, je recommande le livre de Julien
Venesson : « Gluten, comment le blé moderne nous intoxique »
Source :
Hollon J, Puppa EL, Greenwald B, Goldberg E, Guerrerio A, Fasano A.
Effect of gliadin on permeability of intestinal biopsy explants from celiac
disease patients and patients with non-celiac gluten sensitivity. Nutrients.
2015 Feb 27;7(3):1565-76. doi: 10.3390/nu7031565.
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