Trop de sucre dans le sang.
Une forte soif.
Des urines sucrées.
Ainsi décrit, le problème du diabète ne paraît pas si tragique.
Certes, il y a des complications… à long terme.
Mais comparez ça avec une arthrite déformante qui vous réveille la nuit tant les douleurs sont violentes.
Comparez ça avec un cancer, où des métastases osseuses font éclater les chairs de l’intérieur, provoquent des abcès, des écoulements purulents affreux, où vous perdez des dizaines de kilos, vos cheveux, vos cils.
Comparez ça à toutes les maladies horribles qui peuvent toucher votre cerveau, vos yeux, vos tripes, votre peau…
Le diabète ne paraît pas si terrible à côté. Surtout qu’il existe des médicaments (la metformine, l’insuline…) qui font baisser ce fameux taux de sucre.
Alors, pourquoi vous embêter tellement avec ça ?
Pourquoi vous embêter tellement avec le diabète
Pourquoi parler si souvent du diabète ?
Pourquoi vous demander constamment de faire aujourd’hui des sacrifices alimentaires pour prévenir une maladie qui, au fond, n’est pas si grave ?
Eh bien justement ! Si je vous parle si souvent du diabète, si les médecins sont si inquiets de l’épidémie de diabète qui monte, c’est parce que, réellement, le diabète est une maladie affreuse ! Elle « vaut » largement les autres ! Quand vous connaissez les conséquences, vous vous dites au contraire que les efforts pour l’éviter sont dérisoires par rapport aux inconvénients de la maladie.
Le principal problème du diabète, ce sont les cellules nerveuses, c’est-à-dire les cellules qui forment les nerfs. Les cellules, donc, qui vous permettent de sentir les choses, de contrôler votre corps et vos pensées.
Les cellules nerveuses ont la particularité d’absorber tout le sucre qui passe à leur portée. Vos autres cellules ont besoin d’insuline pour ouvrir les portes par lesquelles elles « mangent » le glucose. Mais les cellules nerveuses n’ont pas ce mécanisme. Les médecins disent qu’elles sont « non insulinodépendantes », ce qui veut simplement dire qu’elles n’ont pas besoin de l’insuline.
Quand les cellules ont besoin d’insuline pour absorber le sucre, elles arrêtent d’absorber le sucre quand il n’y a plus assez d’insuline (logique…).
Cela peut paraître idiot de le préciser. Mais les conséquences vont chercher très loin :
Le niveau de sucre peut continuer à monter dans le sang, peu leur importe. Elles n’en prennent plus. Elles évitent donc de s’intoxiquer au sucre.
Les cellules nerveuses, elles, n’ont pas ce mécanisme. Tant qu’il y a du sucre, elles le mangent. Et c’est ainsi qu’elles s’intoxiquent, qu’elles tombent malades, qu’elles meurent.
Le malade diabétique ne tarde pas à s’en apercevoir.
Des conséquences très visibles et très douloureuses pour le patient
Quand ses cellules nerveuses se mettent à mourir, le patient perd la sensibilité dans ses doigts, ses orteils. Il se coupe, se brûle, se griffe sans s’en apercevoir. Les objets lui échappent des mains. Il perd l’équilibre, n’ayant plus la sensation précise de là où il met les pieds.
Cette perte de sensibilité s’accompagne de violentes douleurs dans les profondeurs de ses membres : on parle de névralgies(ou neuropathies diabétiques).
Les névralgies sont des « fausses » douleurs provoquées par les nerfs eux-mêmes, qui sont malades. C’est abominable. On parle de « douleurs suraiguës », continues, sur le trajet des nerfs. Il n’y aucun signe extérieur visible et votre entourage, souvent, n’arrive pas à imaginer ni comprendre combien vous souffrez.
Ces névralgies peuvent se produire partout dans le corps. Quand elles touchent le visage, c’est l’impression qu’on vous applique un fer à repasser chauffé au rouge sur la peau.
Solution d’urgence contre le diabète
La solution est, de toute urgence, de réduire votre sucre sanguin.
Souvent on opte pour les médicaments, mais évidemment le régime alimentaire devrait être la priorité. Régime alimentaire strict, austère, pour ne pas dire punitif : plus aucun sucre, ni rapide, ni lent ni complexe. Autrement dit, pas seulement arrêter les bonbons : stopper d’urgence aussi tout ce qui est pain, pâtes, patates, pâtisserie (les « quatre P de l’Apocalypse »), mais aussi céréales en tout genre, y compris complètes, et même légumineuses. Faire, bien entendu, un maximum d’exercice physique pour empêcher le taux de sucre sanguin de monter, surtout après les repas (mais évidemment, comme il est pénible de faire des efforts sans le « réconfort » de manger de gros plats pleins de glucide ensuite…).
Le scénario catastrophe si on ne fait rien
Si l’on ne suit pas ce régime, les conséquences frappent très vite : vous vous souvenez que vous avez perdu de la sensibilité aux extrémités des membres, que vos gestes sont moins précis.
Inévitablement, vous vous faites de petites coupures, de petites plaies. Celles-ci ne veulent pas cicatriser. De toute façon, l’excès de sucre dans votre sang, en même temps qu’il aura empoisonné vos cellules nerveuses, va également boucher vos capillaires, les petits vaisseaux sanguins, fins comme des cheveux, qui irriguent les extrémités de vos membres et les organes (reins, yeux en particulier).
La circulation ralentit dans ces zones, pourtant vitales. Les doigts, les orteils deviennent rouges, douloureux. C’est parce que le sang ne passe plus. Il stagne, les cellules s’intoxiquent, les tissus sont malades et peuvent même se mettre à pourrir (on parle de « gangrène »).
Des plaies apparaissent, surtout aux pieds sur les points de compression. Mais ces plaies ne veulent pas cicatriser. Des infections s’installent, elles se communiquent aux ongles ou même aux os.
L’autoroute est ouverte vers la gangrène
L’autoroute est ouverte pour que s’installe la gangrène. Le diabète est pour cette raison la première cause d’amputation en France, avec plus de 10 000 opérations par an.
Amputé d’un pied, ou des deux jambes, inutile de préciser que l’exercice physique en devient d’autant plus problématique. Insurmontable, diront certains.
Même chose quand les yeux et les reins sont atteints. Aveugle, ou soumis à la dialyse (reins artificiels), le malade diabétique a d’autant plus de mal à trouver le moyen de faire l’indispensable exercice physique qui lui permettrait de lutter contre l’atrophie musculaire et de brûler ce satané glucose, cause de tous ses problèmes. La perte de poids, essentielle pour contrôler la glycémie, devient pour lui un rêve de plus en plus inatteignable.
Je vous épargne la suite de l’engrenage infernal : les lésions qui deviennent définitives (surtout dans la rétine, dont les cellules ne se régénèrent pas) ; les reins qui cessent de fonctionner et rendent la guérison de plus en plus hypothétique ; les mutilations, les douleurs horribles qui gagnent peu à peu tout le corps du malade.
Ce n’est pas pour vous embêter, vous effrayer, que je vous écris tout cela.
C’est parce que, comme l’a écrit le regretté Dr David Servan-Schreiber, « notre corps aime la vérité [1]. » Livre qui est dans mon cabinet!
C’est pour me justifier, m’excuser aussi, de vous parler si souvent du diabète, de vous ressasser constamment l’importance de manger plus de légumes frais, de poissons gras, de bonnes huiles, d’avocats, moins de cochonneries, de chips, de soda, de chocolat…
C’est pour vous inviter aussi à profiter de ces beaux jours de la fin d’été pour faire de grandes promenades, de longues baignades là où c’est encore possible, des tours à vélo, des chevauchées, que sais-je, dans le soleil et le grand air, qui vous feront tant de bien.
Car à côté de l’alimentation, c’est le fait de mener une vie active qui protège le mieux contre le diabète.
Dès que vous mangez, votre taux de glucose monte dans votre sang. Mais dès que vos muscles bougent, ils brûlent le sucre qui, pour ainsi dire, disparaît comme par magie.
C’est pour cela qu’on conseillait autrefois la « promenade digestive ». Grande tradition, éminemment utile et bienfaisante. Il faut la faire revivre !
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