En soi un processus naturel et indispensable au
fonctionnement de la vie, le stress, lorsqu'il devient chronique, peut
contribuer de manière importante au mal de vivre, à l'affaiblissement du
système immunitaire et à l'apparition de différents troubles et maladies.
C'est
que, pour faire face aux agents de stress, l'organisme a établi des mécanismes
réflexes qui modifient de façon importante l'équilibre biologique. Et tous ces
mécanismes qui, à court terme, permettent au corps de réagir adéquatement
peuvent, à plus long terme, contribuer à des dérèglements sévères.
Voici comment s'amorce la réaction de stress, telle
que l'a décrite l'endocrinologue Hans Selye, le premier chercheur à avoir
étudié le phénomène.
Lorsque survient le stimulus (d'un ton
exceptionnellement sévère, le patron vous demande à son bureau), il se
produit d'abord une brève période de choc (les jambes molles, ou les poils des
bras qui se hérissent), puis l'organisme se met instinctivement en mode de
mobilisation générale. Surtout contrôlés et régulés par le système nerveux et
les glandes endocrines, ces mécanismes de réactions en chaîne comprennent deux
phases, parfois trois.
La phase d'alarme. Les glandes surrénales libèrent d'abord
de l'adrénaline et d'autres hormones pour mettre le
corps en état de réagir immédiatement; grâce à ce mécanisme, les perceptions,
la force musculaire et les réflexes sont temporairement décuplés. C'est la
célèbre « fight or flight response », un état de très grande
vigilance où il s'agit de décider si on va fuir la situation ou l'affronter (en
l'occurrence, votre esprit fonctionne à 100 km/heure).
La phase de résistance. Après quelques minutes, plusieurs autres
mécanismes se mettent en place - la hausse dans le sang du taux de
cholestérol, d'acides gras, de sucre (glycémie) et des facteurs de coagulation,
l'inhibition du fonctionnement des globules blancs, etc. - et
l'organisme libère de nouvelles hormones, dont les endorphines, le cortisol, la dopamine et la sérotonine. Tout cela dans le but d'entreprendre les actions appropriées : courir
trois kilomètres ou assommer le tigre (dans ce cas-ci, vous êtes en mesure
de réagir avec tous les arguments nécessaires à la colère de votre patron).
Normalement, ces deux premières phases sont
bénéfiques. D'une part, les réactions de stress agissent comme stimulant pour
l'organisme afin qu'il mobilise le maximum de ses ressources et réagisse à la
situation. D'autre part, le simple fait de se mettre en mode actif rétablit
l'équilibre des hormones dans le sang. Une fois l'événement réglé (votre
patron est satisfait des explications et clôt le dossier), la réaction de
détente s'enclenche et le corps ressent de la fatigue; après une période de
repos, l'organisme retourne à son métabolisme habituel.
Mais si la situation stressante dure trop longtemps
sans que la personne puisse la régler, ou qu'elle se reproduit trop souvent
pour les capacités de la personne, ou encore si le système nerveux ne peut plus
mettre fin à la phase de résistance (notamment chez les personnes anxieuses),
l'organisme entre tôt ou tard dans une troisième phase : la phase
d'épuisement.
La phase d'épuisement. Les mécanismes de réaction fonctionnent
tout le temps « à plein régime », entraînant une déperdition
d'éléments biochimiques ainsi que des désordres métaboliques et physiologiques.
L'organisme s'épuise, certains organes ou systèmes s'affaiblissent ou se
relâchent. À la limite, et dans des situations extrêmes, le stress continu
entraîne la mort. Un haut niveau d'hormones de stress dans le sang, même en
situation « normale », est un indice de l'état de stress dans lequel
se trouve l'organisme.
Malheureusement, les victimes de stress chronique ne
sont pas toujours conscientes de leur situation, et encore moins du fait
qu'elles sont en train de compromettre leur santé. Pour soulager les malaises
causés par le stress, plusieurs peuvent adopter des comportements de
compensation : l'accroissement du tabagisme, l'alcoolisme, la dépendance
aux drogues, l'excès de sommeil, l'isolement... Mais le fait de boire plus
d'alcool, de manger plus de chocolat ou de regarder plus souvent la télévision
fait peut-être oublier temporairement le stress, mais ne le règle pas. Et de
nouveaux problèmes apparaissent, rajoutant au poids du stress.
Les mécanismes physiologiques en cause dans le stress
chronique sont nombreux et peuvent contribuer à une grande variété de
dérèglements, dans tous les systèmes. Voici ceux que l'on cite le plus
couramment :
Accélération du vieillissement. Le stress augmente le dommage oxydatif,
c'est-à-dire le vieillissement et la mort des cellules causés par les radicaux libres.
Déficit nutritionnel. Pour produire l'énergie demandée par la
situation, le corps métabolise plus rapidement les éléments nutritifs, ce qui
peut se solder par un manque d'acides
aminés, de potassium, de
phosphore, de magnésium, de calcium, d'électrolytes et de vitamines du
complexe B, entre autres. Par ailleurs, les nutriments essentiels sont
moins bien absorbés en période de stress.
Déficit immunitaire. Le cortisol produit en réponse au stress
peut causer un affaiblissement du système immunitaire : le corps devient
alors plus susceptible aux agents infectieux, bénins ou graves, et aux
différents types de cancer. À un niveau très simple, on sait que les personnes
stressées souffrent plus fréquemment du rhume.1
Ulcères d'estomac. Même si on sait maintenant que la
plupart des ulcères sont causés par la bactérie Helicobacter pylori,
le stress est un élément qui peut contribuer à l'apparition des ulcères
gastriques et à la difficulté à les soigner. Le stress est aussi reconnu pour
jouer un rôle dans les brûlures d’estomac.
Problèmes gynécologiques. On observe parfois de l'aménorrhée
(l'arrêt des menstruations) chez les femmes stressées. Aussi, hommes et femmes
stressés sont plus à même de vivre des périodes d'infertilité.
Problèmes de santé mentale. On croit que le stress répété peut
entraîner des changements de structure dans le cerveau et, progressivement,
occasionner des symptômes plus graves : de l'anxiété, des crises de
panique, des phobies, de la dépression, des dépendances, des troubles de
l’alimentation (anorexie/boulimie).2
Maladies à composante psychosomatique. La cause des maladies suivantes est
multifactorielle et le stress peut contribuer à leur exacerbation ou à leur
composante de chronicité : l'asthme, le psoriasis, l'arthrite rhumatoïde,
le syndrome de fatigue chronique, la maladie de Crohn, la fibromyalgie, la
migraine, la colite ulcéreuse, le syndrome prémenstruel, l'obésité, etc.2
Aggravation de maladies. Bien que le stress seul cause rarement
une maladie grave, on sait maintenant qu'il peut jouer un rôle dans la
susceptibilité à plusieurs de celles-ci (dont l'hypertension, les maladies
cardiovasculaires, le diabète de type II et le cancer), et qu'il peut en
accélérer l'évolution.3
Vous semblez être dans ces phases là, et si nous en parlions ensemble?
Bibliographie:InteliHealth (Ed).
Health A-Z - Stress, Aetna Intelihealth. [Consulté le 27 mars 2003].
www.intelihealth.com
Kieffer Daniel. Encyclopédie de revitalisation naturelle, Éditions
Sully, 2001 (édition revue et augmentée de Cures anti-stress et santé
globale, publié en 2000).
Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Programs and Tools, Stress management program - How stress affects your health, MayoClinic.com. [Consulté le 30 avril 2003]. www.mayoclinic.com/invoke.cfm?objectid=3BDDAE5C-732A-469F-87DA6683ED2A914D
Pizzorno JE Jr, Murray Michael T (Ed). Textbook of Natural Medicine, Churchill Livingstone, États-Unis, 1999.
Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Programs and Tools, Stress management program - How stress affects your health, MayoClinic.com. [Consulté le 30 avril 2003]. www.mayoclinic.com/invoke.cfm?objectid=3BDDAE5C-732A-469F-87DA6683ED2A914D
Pizzorno JE Jr, Murray Michael T (Ed). Textbook of Natural Medicine, Churchill Livingstone, États-Unis, 1999.
Notes
1. Klein TW. Stress and
infections. J Fla Med Assoc. 1993 Jun;80(6):409-11. Synthèse d'études.
2. Esch T, Stefano GB, et al. The role of stress in neurodegenerative diseases and mental disorders.Neuroendocrinol Lett. 2002 Jun;23(3):199-208. Synthèse d'études.
3. Esch T, Stefano GB, et al. Stress in cardiovascular diseases. Med Sci Monit. 2002 May;8(5):RA93-RA101. Synthèse d'études.
2. Esch T, Stefano GB, et al. The role of stress in neurodegenerative diseases and mental disorders.Neuroendocrinol Lett. 2002 Jun;23(3):199-208. Synthèse d'études.
3. Esch T, Stefano GB, et al. Stress in cardiovascular diseases. Med Sci Monit. 2002 May;8(5):RA93-RA101. Synthèse d'études.
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